Katas Tango & Kit tango : des outils simples et concrets pour progresser seul dans votre danse

Katas Tango & Kit technique du tango : des outils simples et concrets pour progresser seul dans votre danse
En 2003, Daniel Carlson, l'un des pionniers du tango argentin en Suède, m'a dit : "à part les volcadas et les colgadas, en tango, pratiquement tout peut être fait seul. Si tu ne sais/peux pas faire ces pas-là seule, c'est que c'est l'autre qui doit compenser ton manque de technique ou d'axe." 
Régulièrement, des personnes qui dansent depuis des années s'adressent à moi, parfois même après 15/20 ans de pratique du tango argentin, en cours collectifs ou particuliers pour reprendre les bases, tant dans leur corps qu'en musique. Elles ont pris des cours, sont allées danser presque tous les jours, mais elles se rendent compte qu'il leur manquent des éléments fondamentaux, alors elles décident de reprendre les bases.
En 2010, lorsque nos élèves nous ont demandé d'organiser un stage d'été pour partager un bon moment et pour qu'il y ait un véritable avant-après cette semaine de danse. Je me suis demandé quel outil je pouvais leur transmettre qu'ils pourraient reproduire seuls, comme on peut le faire pour le yoga, afin de continuer le travail et la progression après le stage. 
Le tango, comme je l'ai évoqué dans un article précédent, est composé de 5 grands éléments :
1- la technique personnelle : quel est mon corps/ma posture et comment se met-il en mouvement ?
2- le guidage : qu'est-ce que donner et recevoir une énergie ? Quel vocabulaire (les pas) permet d'enrichir ce guidage et donc la danse ?
3- la bulle de musicalité : comment créer et maintenir une véritable équipe, à deux, au service de la musique ?
4- le bal : comment déplacer ma bulle musicale en me nourrissant de l'énergie du bal (des autres couples) et comment y contribuer positivement ?
5- l'aspect psychologique et culturel : notre corps et nos interactions physiques et personnelles dépendent de notre psychologie et de notre culture familiale et nationale ou régionale. 
Une grande partie de ces éléments peut être travaillée de manière individuelle. Ne chercher à le faire qu'en bal n'est pas toujours très fair-play pour nos partenaires qui doivent compenser et n'est pas non plus le chemin le plus rapide, efficace et gratifiant pour progresser. Il est certains de ces éléments qui nécessitent de danser, de pratiquer à de faire des progrès fondamentaux dans notre danse, puis de continuer à l'entretenir. 

Au sein des différents aspects cités plus haut, il existe cinq grands éléments que l'on peut travailler seul ou en dehors du tango afin de progresser dans sa danse et sans être dépendant du partenaire : 
- sa musculature (renforcement musculaire)
- sa souplesse (étirements)
- son "déplacement tango" (trouver un relâché et une dynamique assez propres à cette danse)
- sa musicalité (être capable d'interpréter la musique sans être dépendant de l'autre)
- les aspects psychologiques (certains progrès sont freinés, voire impossibles, par notre conception du rapport à l'autre ou à nous-mêmes. Si j'estime que j'ai toujours raison, ma danse sera affectée et ne pourra évoluer qu'en changeant certains éléments psychologiques. Il en sera de même si je crois que je suis nul et qu'à chaque fois fois que quelque chose ne fonctionne pas, c'est de ma faute). Un travail de fond en dehors du tango, accompagné ou non, pourra avoir le meilleur des effets.  

Une des difficultés lors de la danse, c'est que plusieurs chaînes musculaires sont impliquées dans le mouvement. Le manque d'utilisation de ces chaînes de manière coordonnée rend difficile le relai d'une chaîne musculaire par l'autre. Ainsi, tourner le torse impliquera-t-il souvent le fait de monter les épaules ou de bouger aussi les hanches, même lorsque l'on demande qu'elles restent immobiles.
C'est pour permettre ce travail de prise de conscience, non dépendant des autres, que j'ai inventé les katas et le kit tango. 

Le kit technique du tango 

 

 
C'est un enchaînement d'une dizaine de mouvements au sol puis debout permettant :
- de développer des sensations et une conscience de son corps en position allongée, sans apesanteur que l'on pourra ensuite chercher en étant debout. Cela permet ensuite d'être plus conscient de son corps lorsque l'on le met en mouvement et lorsqu'il est en interaction physique avec le partenaire. 
- de faire un renforcement musculaire nécessaire à la création d'un axe puissant pour danser avec peu d'efforts, bien plus de sensations et de plaisir
- de travailler la souplesse, particulièrement la dissociation, et l'activation dès certaines parties du corps peu sollicitées en tango, mais contribuant à la fluidité.  
- de dissocier et d'associer différentes parties du corps. Le mouvement, la marche, la flexion, les rotations... nécessitent le fait que des chaînes musculaires se relaient de manière fluide. Des exercices très simples permettent de faire ce travail.  
Quelques propositions seront aussi faites pour utiliser les gestes du quotidien pour développer sa conscience corporelle et pour faire du renforcement musculaire. 

Les katas tango
Dans les arts martiaux, ce sont des enchaînements qui simulent des situations de défense et d'attaque. 
En les enchaînant de manière régulière, on conditionne son corps pour avoir les bons réflexes au bon moment et pour travailler la qualité du geste et de la posture permettant d'être plus efficace le moment venu. 
Ayant fait 5 ans d'arts martiaux avant de commencer le tango, j'ai pu apprécier l'impact positif d'un tel conditionnent sur ma pratique, même si, au début, cela me semblait relativement abstrait. L'avantage du tango, c'est que les mouvements de base ne nécessitent pas autant d'imagination pour être compris et intégrés et qu'ils peuvent en plus être accompagnés par la musique !
Lorsque l'on est en interaction physique avec l'autre, qu'il y a la musique en fond et des gens qui se déplacement autour de nous, il peut être difficile de rester centré sur ses propres sensations. 
Dans les katas tango on part du principe que plus on travaille seul les déplacements, les sensations... plus on conditionne son corps dans un mouvement juste, sans tentions, plus on peut avoir une relation "saine" avec son propre corps dans la danse. 
Le guideur pourra ainsi se concentrer sur le guidage, la relation à l'autre et la musique. Le partenaire, la musique, les autres couples et l'espace ne sont alors plus une contrainte, mais, au contraire, une ressource pour nourrir sa danse. Le guidé, sachant se déplacer dans le confort pourra percevoir le guidage de manière plus juste et contribuer de manière active à l'interprétation musicale.  
Tout ce que j'apprendrai à faire seule sera autant d'éléments qui me permettront d'être dans une belle interaction physique et psychologique avec l'autre. J'ajoute ici l'aspect psychologique car lorsque l'on développe un axe puissant, des déplacements confortables, des sensations de plaisir dans le mouvement... on se sent mieux dans l'interaction avec l'autre, on ne s'accuse plus en permanence, la danse devient beaucoup plus fluide et source de plaisir. 
L'autre chose primordiale dans les katas, c'est la mise en musique. 
Les personnes qui débutent le tango, et bien souvent des danseurs, anciens, mais n'ayant pas trouvé le moyen de développer cet aspect, ont tendance à se déplacer éventuellement en rythme, mais ont du mal à vraiment interpréter la musique et à vraiment danser. Il y a alors le guideur qui fait danser le guidé, mais n'en profite pas lui-même et le guidé qui veut être bien sage, mais ne co-interprète pas la musique avec son partenaire, ne magnifie pas la musique. 
Les katas permettent donc de danser seul, d'apprendre à s'approprier la musique, à interpréter, à nuancer... Ils permettent un vrai travail de fond sur la musique, tout en développant sa technique personnelle, son axe, son confort et son plaisir. 
Les katas tango, ce sont 3 enchaînements simples comportant tous les éléments de base du tango argentin. On apprend les éléments techniques fondamentaux du tango : créer son axe, le mettre en mouvement de manière confortable et fluide, avoir une jambe libre. 
Progressivement, on rajoute la musique, les changements d'énergie et on peut les utiliser pour travailler les fioritures. 
Ainsi, lorsque l'on se trouve en contact physique avec l'autre, on n'est pas submergé, on est conscient et l'on peut profiter et vraiment danser !

Évidemment, la pratique d'autres sports et activités corporelles ou artistiques contribue elle aussi au développement de sa danse. 
Penser que l'on dépend de l'autre pour progresser en tango, voire lui reprocher ses manquements, c'est souvent le meilleur moyen de ne pas se confronter à nous mêmes et de retarder le moment où l'on prendra véritablement notre progression en mains. 
Le kit tango et les katas tango sont autant d'outils pensés pour apprendre à ressentir, pour prendre sa part de responsabilité, de plaisir et d'autonomie dans son évolution en tango, dans sa contribution à l'interprétation de la musique. 

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